la question de Guillaume
était :
"J'ai lu en fait qu'une
maison en madrier de 20/22cm était loin d'être compatible
en terme d'isolation à la RT 2012 ni même à la RT 2005.
Je n'ai pas noté
sur quels sites mais je l'ai vu sur plusieurs.
En revanche, j'ai lu,
principalement sur des sites américains que les maisons en madriers
avaient une "masse thermique", donnée non quantifiable qui compenserait
la médiocrité du pouvoir isolant du bois...Finalement, on
n'aurait besoin de moins d'énergie pour chauffer une maison en massif
plutôt qu'un maison en ossature.
Chacun a sa théorie
et je suis complètement perdu.
Alors, je me demande
ce qu'il en est vraiment."
.
.
.
La réponse de T. et C. Houdart
.
.
Il y a effectivement un bonus thermique
appelé "effet de masse thermique" pour le bois massif en particulier,
mais qui dépend de beaucoup de facteurs (densité du bois
et du climat local) et peut être très variable.Cet effet,
dû à la faible diffusivité thermique du bois,
a pour conséquence d'amortir et de déphaser les variations
de température sur de faibles périodes. Plus l'amplitude
de température est importante, plus cet effet est bénéfique
et peut atteindre 20 à 30% sous certains climats, ce qui est considérable.
C'est ce qui explique le confort thermique et les économies de chauffage
réalisées dans les maisons en bois massif empilé,
bien ajustées, même si les performances du bois et des
murs en bois massifs sont encore insuffisament reconnues en France dans
les règles de calcul CSTB TH BCE 2012 de la RT 2012. (voir à
ce sujet "Bois massif et réglementation thermique")
Les pays avancés en matière
d'utilisation de bois massif (Amérique du Nord, Japon...) tiennent
compte de cet effet dans les normes appliquées. C'est encore loin
d'être le cas en France, même si on constate de réels
progrès par rapport à la RT 2005 .....(voir les liens
sur ce sujet)
Lire aussi le chapitre III du tome
3 de l'Art de la Fuste
Pour la RT 2005, si l'on s'en tient aux
normes thermiques en vigueur en France, le coefficient Ubât
doit être de 0.45 W/m2K pour les murs extérieurs, soit une
Résistance thermique de 2.2 m2K/W (le garde-fou de la RT 2005)
, ce qui correspond à une épaisseur moyenne de bois massif
de 24 à 28 cm selon l'essence (plus le bois est de faible densité,
plus il est isolant).
La nouvelle réglementation thermique
dite RT 2012, rend
obligatoire un niveau de consommation énergétique qualifié
de "basse consommation" (environ 50 KW/m2 et par an), et n'impose plus
une résistance thermique minimale des murs extérieurs.
Les premières enquêtes et
simulations d'études thermiques effectuées à ce jour
montrent que les maisons en bois brut empilé de diamètre
proches de 35 cm pour du rondin, correctement conçues et construites,
sont en mesure de répondre à ces exigences moyennant
quelques améliorations techniques comme le renforcement de l'isolation
(notamment en toiture et plancher) et de l'étanchéité
des murs ( un joint-P très performant qui est maintenant disponible
en France -nous contacter pour information - rend étanche
toutes les entailles) et surtout une conception architecturale bioclimatique
réalisée de concert avec l'étude thermique obligatoire.
Des projets récents ont aussi montré
que la maison en bois brut (avec joint- P) peut satisfaire sans difficulté
aux tests d'étanchéité de la "porte soufflante".
La construction en bois massif permet
de répondre aux exigences énergétiques actuelles,
mais elle a aussi beaucoup d'autres atouts.
Il y a bien sûr cet exceptionnel
stockage
de carbone, mais on oublie aussi que le bois massif est un matériau
en lui-même suffisamment "respirant" , qui auto-régule les
variations d'hygrothermie, et qui présente beaucoup moins de ponts
thermiques (source de beaucoups de pertes de chaleur) que les murs composites
(Béton+ isolant ou ossature légère bois+isolant).
Il permet de concevoir et construire des maisons saines, faciles à
chauffer, sans être dépendantes de systèmes de recyclage
d'air, complexes, coûteux, encombrants, dconsommateurs d' électricité,
d'entretien difficile et contestables sur le plan sanitaire.
Dans une maison en bois massif le confort
hygro-thermique est naturel, et aussi simple.... que les arbres dont elle
est faite!
Thierry Houdart
Camille
Houdart - Architecte DPLG |