Pour une architecture contemporaine
en bois brut...
dans le Doubs
On ne peut pas ignorer la tradition qui a existé
de façon très générale en Franche-Comté,
et dans le Doubs en particulier, des bûcherons-charbonniers, popularisés
entre autres par Eugène Bouchey (son livre “Charbonnier dans les
bois” retrace l’histoire de sa famille qui a passé toute sa vie
dans des “baraques de rondins” dans les forêts entre Doubs, Haute-Saône,
Jura), par André Besson, qui avec son ouvrage “Une fille de la forêt”,
retrace la vie de sa grand-mère, Cécile Chaniet, au début
du XXè siècle : celle-ci suivit également ses parents
bûcherons et raconte comment, de génération en génération,
on se transmettait les règles de fabrication des baraques forestières
de rondins, des “chaumières rudimentaires mais solidement construites,
conçues pour résister aux intempéries”, et qu’elle
n’aurait pour rien au monde échangé pour les chaumières
des paysans, parfois bien plus inconfortables et misérables. Il
nous reste de ces constructions bâties en fûts le témoignage
d’une photographie prise dans la forêt de Chaux, mais ce modèle
est valable pour toute l’étendue de la Franche-Comté. Pour
le XIXè siècle et le Doubs, Charles Nodier nous a laissé
quant à lui une gravure représentant un village de charbonniers
dans les bois de Chailluz. Ces constructions faites de rondins jointés
de mousse ont d’ailleurs fait l’objet d’une étude de Pierre Pétrequin,
professeur à l’Université de Besançon (“Une architecture
liée à l’exploitation de la forêt”). Certes, ces travailleurs
itinérants vivaient en marge du monde des paysans, qui leur vouaient
un certain mépris, mais qui, comme le remarque Cécile Chaniet,
n’étaient pas forcément mieux logés qu’eux. Les bûcherons
pouvaient ainsi passer toute leur existence dans ces constructions qui
étaient “leurs maisons” . Certaines d’ailleurs ont fini par constituer
un habitat fixe et permanent, au sein même ou en lisière des
bourgs. Ce mode de vie et ces constructions font partie de notre histoire
et du patrimoine du Doubs. Il y a plutôt lieu d’en être fiers
que de le nier.
La technique d’ajustage moderne des fustes que nous utilisons et enseignons (celle des fustes de bois brut) est une technique qui s’est totalement rénovée suite à l’innovation apportée par l’utilisation du compas-traceur à double niveaux, et qui n’a absolument rien à voir avec des “cabanes de bûcherons agrandies”. Les fustes sont des maisons de grande qualité et d’un grand confort, reconnues et recherchées par un public exigeant, soucieux de vivre de façon saine. Elles sont en effet exemplaires sur le plan global de l’environnement : elles consomment très peu d’énergie pour être fabriquées, et demandent très peu d’énergie pour être chauffées. De toutes les maisons en bois, ce sont les plus efficaces pour le stockage du carbone et pour lutter contre l’effet de serre. Elles permettent d’utiliser les bois résineux français dans toute leur diversité et leur configuration parfois tant décriées par les industriels, qui trouvent souvent plus facile d’importer des bois du nord. Et pour l’économie régionale, la construction en bois brut est une excellente valorisation d’une ressource locale,source de beaucoup de valeur ajoutée à la production forestière et très créatrice d’emplois. Le retour d’une tradition modernisée, ayant sa place naturelle dans un contexte local historique, ne pourrait-elle pas être considérée, à bien des points de vue, comme tout aussi innovante que certaines techniques industrielles dévoreuses d’énergie et polluantes (parpaings, laine de verre, polystyrène, PVC ...) Dans un département à 43% boisé, comme le Doubs,où les troncs d’arbres constituent le fond du paysage, le rondin brut est certainement un matériau qui, par sa texture, ses nuances naturelles, ses irrégularités même, engagera un “dialogue” plus harmonieux avec la pierre, autre matériau naturel, dont sont construites une bonne partie des constructions anciennes du Doubs, que des matériaux industriels, réguliers, lisses et monochromes. Ajoutons pour préciser que, contrairement aux madriers, les rondins, qui ont reçu un traitement insecticide et fongicide, ne sont ni lasurés ni vernis et acquièrent avec le temps des nuances naturelles plus ou moins sombres qui se fondent donc totalement dans le paysage. Nous suggérons :
T.&MF. Houdart Novembre 2000 extrait d'une lettre à la commission "charte bois du Doubs"
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Une architecte
présente ses réalisations en bois brut et matériaux
naturels
Construire en bois brut et matériaux naturels